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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 05:53

Résumé des chapitres précédents :

Le Narrateur a entrepris de réhabiliter la mémoire de son ami Pierrot.

L’Auteur, redoutant quelques problèmes de scénario dont il s’est ouvert à nous, « refile la patate chaude » à notre Narrateur qui est confronté à une question inattendue.

Saura-t-il s’en dépêtrer ?

 

Pierrot m’avait demandé

« Et l’Algérie ? Tu as idée de ce que c’était ?

Bien sûr, tu n’y es pas allé ? Tu avais combien en 62 ? »

 

La question me troubla.

Pas la question de mon âge, évidemment ; quand les accords d’Evian furent signés, en Mars 62, j’allais avoir 19 ans et j’étais en Prépa. Bien sûr, je n’étais pas allé en Algérie.

Mais comment aurais-je su « ce que c’était » ?

Evidemment, ce n’était qu’une question rhétorique, pour lui elle signifiait « Tu ne peux pas imaginer ce que c’était » mais mon esprit traduisait « Quand as-tu pris conscience de cette guerre ? Quand tu as craint d’y aller ? Quand des rancœurs de copains à peine plus âgés mais non sursitaires sont devenues évidentes ? » et surtout « Ne t’es-tu jamais senti honteusement privilégié ? »

 

Car c’est là que le bât blesse encore « Pourquoi eux et pas moi ? »

 

Au retour ils parlaient peu. Parfois une confidence à un ami, comme l’histoire de L. qui circulait dans mon village.

L. aurait présenté des troubles psychiatriques après avoir passé—certains disaient une nuit, d’autres une semaine—dans un fortin assiégé par des fellahs ; affolé de terreur, hurlant, il voulait sortir malgré le danger. On avait dû le maintenir de force ; là-dessus comme sur l’issue de l’affaire, les versions variaient considérablement.

Ce qui semble avéré c’est que L. n’a plus jamais « été le même ».

 

Et devant ce garçon qui « y était allé » je me sentais coupable de ne pas avoir idée de « ce que c’était ».

 

Et il continuait :

Moi, j’y suis allé. Tu ne peux pas savoir…Tu sais ce que c’était la corvée de bois ?

 

 

 

 

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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 11:48

Résumé des chapitres précédents : le Narrateur, ayant lu sur Internet un conte qui lui rappelle un drame vécu par un ancien ami, dans un souci d’équité entreprend le récit des confidences qui lui furent faites.

 

Intervention de l’Auteur en forme de point:

Ici, Lecteur, si je veux éviter mes coutumières errances, le temps est venu de faire un petit point.

 

Quel est mon projet ?

Construire un personnage vraisemblable à partir de données fournies par l’auteur du récit initial.

 

Quelles sont ces données ?

Années de naissance des deux protagonistes.

La différence d’âge ; les grossesses parallèles de l’épouse et de la mère ; leurs débuts dans la vie très différents.

Il a fait la guerre d’Algérie ce qui est déterminant dans ma compréhension du personnage.

Les rancœurs.

Les relations de « la petite » avec son neveu.

La soupière.

 

Où en suis-je ?

Tout a été évoqué dans la première partie où Pierrot se souvient « en vrac ».

Par la suite, j’ai un peu développé l’aspect « grossesse de la mère » sous l’angle de la difficulté d’un homme à accepter la sexualité de sa mère, phénomène que je connais bien. Les problèmes de l’ainé d’une famille nombreuse, je les connais aussi, indirectement certes mais d’assez près.

Ce qui me posera d’énormes problèmes bien que ce soit la motivation principale de mon entreprise parce que le sujet m’intéresse et parce que c’est probablement la clef de mon personnage, c’est la guerre d’Algérie ; là, je serai en terre inconnue.

Inventer sans sombrer dans le cliché sera dur, ma vieille.

On verra.

On esquivera probablement comme d’habitude.

 

(fin de l’intervention de l’Auteur que nous retrouverons chaque fois qu’il sera la proie du doute et notre Auteur doute souvent)

 

Retour du Narrateur

 

« Je ne sais pas comment elle l’a su, mais ce qu’elle a pu me la resservir, celle-là ! » m’avait dit Pierrot avant de s’enfermer dans un long silence dont il sortit pour me lancer :

 

Et l’Algérie ? Tu as idée de ce que c’était ?

Bien sûr, tu n’y es pas allé ? Tu avais combien en 62 ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 05:06

Résumé du chapitre précédent : le Narrateur, ayant lu sur Internet un conte qui lui rappelle un drame vécu par un ancien ami, dans un souci d’équité entreprend le récit des confidences qui lui furent faites.

 

Intervention de l’Auteur pouvant servir d’avertissement au Lecteur :

Sur un blog que je fréquente assidument, j’ai lu, il y a quelques temps,  un récit d’évidence autobiographique qui me parut si partial que j’imaginai une autre version, celle du « méchant » du conte original ; plus exactement une version possible ; on en imaginerait aisément d’autres.

Tu as bien compris, Lecteur, que mon Narrateur ne saurait être moi, l’Auteur, et que « mon ami Pierrot » n’est qu’un produit de mon imagination. J’ai cherché à construire un personnage vraisemblable.

Si le personnage initial a existé, il est fort probable qu’il ne ressemblait en rien à l’ami de mon Narrateur.

(Fin de l’intervention de l’Auteur qui reviendra aussi souvent qu’il le jugera nécessaire.)

 

« Jusqu’à l’histoire de la soupière. » avait dit Pierrot.

 

    Le Narrateur : L’histoire de la soupière ?

 

C’est la dernière fois que je l’ai vue. Nous nous évitons depuis. Elle avait dans les dix-sept ans…

C’était un de ces repas de famille comme nous en faisions souvent.

Je ne sais pas quelle mouche l’a piquée… Ce n’est pas vrai… Je crois que je sais… Un peu compliqué…

Je devais parler des arabes… je ne dis pas que j’avais raison mais elle aurait pu chercher à comprendre… C’est vrai, je parlais trop…

Elle a attrapé la soupière qui était sur la table, elle me l’a renversée sur la tête…

Heureusement, ce n’était pas brulant…

Quel cirque !...

 

(Un silence)

 

   Le Narrateur   : Tu as évoqué ta gêne devant la grossesse tardive de ta mère… Tu peux préciser?

 

Je ne sais pas si tous les gars sont comme moi, mais je n’ai jamais pu imaginer que ma mère… enfin, tu vois… Et ce ventre qui grossissait, c’était la preuve. Tout le monde pouvait voir. Bon. Je n’en suis pas fier, mais j’avais honte. Ce ventre me paraissait obscène… Les autres femmes d’accord, mais pas ma mère… Ne va pas croire que je prends les autres femmes pour des salopes! C’est plus compliqué. Plus profond.

En plus, nous étions déjà une famille nombreuse. Tu ne sais pas comme on peut en être gêné parfois, tu as toujours l’impression que les voisines pensent « Il pourrait se retenir, ce vieux cochon ! », tu entends des conneries sur les allocs… J’en ai entendu… Tu finis par avoir honte de tes parents.

Alors un bébé de plus, avec des parents trop vieux, tu imagines…

En plus, ma femme allait accoucher presque en même temps que ma mère ; ça me gênait aussi, mais la sœur se trompe ; elle croit que c’est parce que je voulais que mon fils ait sa grand-mère pour lui tout seul ; comme toujours, elle a besoin de croire que j’étais jaloux ; c’était autre chose. Je croyais entendre les ricanements dans notre dos. Toujours la peur du ridicule…

Ma mère aussi se sentait mal à l’aise; elle ne l’avait pas fait exprès, c’est évident.

Alors, un jour, pendant un repas, j’ai lancé « Alors, la mère quand est-ce que tu nous l’annonces ce bébé? » et j’ai ajouté—et là j’aurais mieux fait de me taire—« et ce sera le dernier, j’espère ? ».

 

Je ne sais pas comment elle l’a su, mais ce qu’elle a pu me la resservir, celle-là !

 

 

 

 

 

 

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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 13:09

Sur un blog que je fréquente assidument, j’ai lu, il y a quelques temps,  une nouvelle qui me rappela une confidence faite autrefois par mon ami Pierrot; l’analogie entre les deux récits était telle que je me persuadai d’être en présence d’une autre version du même événement, la même « affaire » racontée par la petite sœur dont Pierrot me parlait souvent.

 

L’histoire est simple : au cours d’un repas de famille, une gamine de dix-sept ans en colère,  après des années de tension et de repas familiaux oppressants, coiffe son frère ainé d’une soupière et de son contenu.

Sur cela les deux récits concordent mais sur l’interprétation des causes ils deviennent inconciliables.

 

La nouvelle donne de mon ami une image si caricaturale, si injuste, si partiale que j’ai résolu de défendre sa mémoire, ce qu’il ne peut plus venir faire lui-même.

Je vais donc tenter de me souvenir et de retrouver ses mots pour conter ce qu’il me confia un soir de cafard.

 

Il y a un truc que je n’ai encore raconté à personne, un truc que j’aurais voulu changer mais trop tard; ça été tout de suite trop tard d’ailleurs ; je ne sais même pas si j’aurais pu faire autrement ; l’histoire avait mal commencé, voilà tout.

Des fois, tout va mal ; on n’y peut rien.

En 56, j’avais 20 ans… et la trouille de partir en Algérie—ça, tu n’as pas connu ; l’horreur! -- ; Liliane était enceinte; ma mère aussi…

La mère enceinte, je ne peux pas dire que ça m’a fait plaisir; ça non ! Mais pas comme la petite le racontait ensuite; elle a toujours voulu tout expliquer par ma jalousie. Ma jalousie! Elle se trompait, bien sûr… C’était autre chose. Difficile à expliquer…

Elle a continué d’ailleurs; ceux qui ne l’aimaient pas comme elle aurait voulu, elle les a accusés de jalousie. Toujours.

Elle voulait être aimée par tout le monde. Là, il y a peut-être eu de ma faute. Qui le dira ?

Je suppose que tous les petits sont comme ça ; enfin, il me semble… Ils sont tellement habitués à être le centre de tout… Quelqu’un qui ne les regarde même pas ! Tu vois ! Tu comprends, bien sûr, mais elle… la petite Marie n’a jamais voulu comprendre. Et elle n’a jamais changé. Jamais.

Il faut comprendre. Quand je suis revenu de là-bas ou quand je revenais en perm… (mais là, elle était trop petite, je ne crois pas qu’elle se rappelle)… Quand je suis revenu, je sortais d’un autre monde, je ne voyais pas grand-chose ; au début, je ne voyais même pas mon fils… Lui, il était là tous les jours, on s’est habitués. Mais elle…

Elle, c’était la petite dernière. Pourrie, gâtée, on peut le dire comme ça. Habituée à être toujours la plus intéressante, la plus ci, la plus ça… Enfin, tu vois ce que je veux dire. Quand un petit voit arriver un nouveau, il fait du charme jusqu’à ce qu’on s’intéresse… J’ai raison, non ? Avec moi, ça ne marchait pas. Elle ne pouvait pas comprendre. Je pense qu’elle a commencé à me trouver méchant.

Et ça ne s’est pas arrêté.

Elle a commencé à m’asticoter, à se venger sur mon fils… Des bêtises de gosses, je te raconterai… Pas grand-chose, quand on y pense, mais j’ai mal réagi et on n’en est pas sorti.

 

Jusqu’à l’histoire de la soupière.

 

 

 

 

 

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 13:39

Je me suis imposé la relecture des articles publiés dans Blogosphère et Cap sur ...

Pas de quoi fouetter un chat, vraiment!

Que quelqu'un ait pu prendre cela au sérieux, en particuliers le projet de conclusion avec l'appel à la continuation de mes "travaux", est à mes yeux renversants.

Il est vrai que je n'étais pas tendre avec elle!

  Disons que a colère a obscurci son jugement.

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 15:37

Ce conte, Lecteur, n’est pas un conte.  (Puisse Diderot pardonner cet emprunt!)

 

Cela m’est arrivé réellement, dans les premiers temps de ma scolarité. Les faits sont puérils, font sourire l’adulte que je suis devenue mais ont peut-être pesé plus qu’il n’y parait sur le reste de ma vie. Qui pourrait le dire ?

J’aime à y voir ma première tentative—ratée comme celles qui ont suivi—d’écriture.

 

C’est arrivé le 20 Mai 1949, le jour de la naissance de celle de mes cousines dont je devais être la marraine, une date que je ne saurais oublier.

Je venais d’avoir 6 ans ; j’étais au Cours Elémentaire Première Année—on ne disait pas encore CE1, cela vint beaucoup plus tard--.

En ce temps-là, nous portions tous des blouses ; je crois me rappeler, toutefois sans certitude, que celles des garçons étaient encore grises mais ce détail n’importe pas pour la suite de mon récit.

Nos cahiers en revanche…

Notre travail se répartissait sur trois cahiers : cahier de brouillon, cahier du jour et cahier du soir.

Sur le cahier de brouillon, au crayon et à la gomme, nous faisions le travail proprement dit.

Le cahier du jour servait à porter au propre—à l’encre avec le porte-plume, sans ratures-- les travaux faits en classe, celui du soir remplissait la même fonction pour les « devoirs du soir », les exercices faits  à la maison.

Le cahier de brouillon,  plus rustique que les deux autres, était d’un papier de plus médiocre qualité et sa couverture n’était pas cartonnée, mais sur sa dernière page de couverture étaient imprimées les tables—selon les modèles, tables de multiplication seulement en grands caractères ou tables pour les quatre opérations, le modèle le plus répandu--.

Je ne saurais dire à quel modèle appartenait la couverture qui servit à construire ma « table », celle par qui le scandale arriva. J’incline à penser qu’il s’agissait du modèle « multiplication seulement ».

 

Nous commencions l’étude des tables de multiplication.

Ce matin-là, je montrai à Jacqueline, ma voisine de classe, la magnifique « table » fabriquée la veille par mon père, les tables de multiplication découpées dans la couverture d’un cahier de brouillon usagé et collées sur un carton.

Jacqueline était une « grande ». Elle allait avoir quatorze ans et arrivait au terme de la scolarité obligatoire. Etait-elle attardée au Cours Elémentaire ? Etait-elle dans la classe du Certificat d’Etudes ? Je ne saurais dire. Ma petite école comptait vingt élèves ;  c’était une école à « classe unique » où des écoliers de niveaux différents pouvaient se retrouver sur le même banc.

Son mépris fut total. Jamais avant je n’avais été méprisée. Jamais depuis je n’ai été à ce point renvoyée à mon insignifiance.

 

Colère ? Peine ? Désespoir ?

J’ai dû ruminer un peu avant d’écrire sur cette même « table » dont j’étais si fière le matin et qui m’était devenue odieuse « Jacqueline est une merdeuse ».

Et je montrai mon œuvre à Jacqueline.

 

« Madame ! Madame ! Voyez ce qu’elle a écrit ! »

 

La « table » a été confisquée. Ai-je été envoyée au piquet ? Je ne m’en souviens pas.

Si j’ai été punie, ce fut la seule punition de ma vie d’écolière.

 

Plus terrible fut la suite.

Mon père est venu ce jour-là, me chercher à la sortie de midi. Evénement exceptionnel justifié par un autre événement exceptionnel : la naissance de ma future filleule. On venait avertir « Madame » de mon absence pour l’après-midi : nous devions aller voir le bébé. Mon souvenir n’est pas très clair mais il est sûr que mon père, informé de mon crime, me demanda « si je pensais que cela était digne d’une marraine, si on pourrait me donner pareille responsabilité ? »

 

La suite ?

J’ai été désespérée, assurée de ma disgrâce jusqu’à l’arrivée chez ma tante qui ne trouva pas mon cas pendable. Nicole est donc devenue ma filleule.

Je n’avais encore jamais dit de « gros mots ». En écrire un m’avait paru moins grave. D’évidence je m’étais trompée.

J’avais 15 ans et j’étais en classe de Première quand, après un différend avec mon père je me décidai à prononcer « Merde ! » pour la première fois de ma vie. D’autres jurons ont suivi.

Mon vocabulaire s’est depuis enrichi. Mais c’est une autre histoire.

 

Tu me demanderas peut-être, Lecteur, en quoi cela pouvait constituer une première tentative littéraire. Je répondrai à cette question, en même temps qu’à beaucoup d’autres que tu pourrais me poser, un autre jour.

Peut-être.

 

 

 

 

 

 

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 17:14

Parfois, chez Assouline, un commentateur a quelque chose à dire; ainsi aujourd'hui :

Widergänger dit: 12 avril 2014 à 19 h 01 min

"Les discours que tiennent Pierre Rbhi et JMG Le Clézio me font penser au fameux discours du vieillard tahitien dans Le Supplément au voyage de Bougainville, de Diderot. Toujours le même débat finalement malgré les siècles écoulés entre nature et civilisation.

On est tout de même assez sidéré par le discours de Pierre Rabhi à l’heure où la majorité de l’humanité s’apprête à vivre dans d’immense mégalopoles.

À l’entendre, la civilisation techno-scientifique fondée sur la croissance depuis disons le 12ème n’aurait apporté à l’humanité que destruction et mort quand elle a apporté le confort, l’hygiène, la fin de la famine, l’allongement incroyable de la vie humaine au point qu’il serait possible aujourd’hui techniquement de vivre 150 ans selon les données de la science (si on ne le peut pas encore, c’est uniquement une question d’organisation sociale), les moyens de communication, la possibilité de maîtriser grâce aux satellites bien des données de l’agriculture, de l’évolution de la planète, etc.

Il est bien gentil, Pierre Rabhi, et Le Clézio aussi, avec leur joie de vivre dans sa ferme comme si toute l’humanité allait pouvoir vivre de cette manière, comme si la vie de l’humanité pouvait s’adapter à une telle régression de la modernité vers la pastorale virgilienne.

Tout ce discours rétrograde pour ne pas dire franchement réactionnaire me fait sourire. Il est typique d’une époque — du moins en Occident —qui ne croit plus en l’avenir de l’humanité, au progrès, à la capacité de l’humanité à penser à la fois progrès, science et joie de vivre. La capacité de vivre dans la joie ne s’éprouve pas dans le silence de la nature, où elle va quasiment de soi, mais dans le paradoxe d’un monde qui n’est pas fait pour elle et où il est nécessaire de la trouver quand même en poussant devant soi comme Sisyphe toujours la même pierre.

La seule joie possible est tragique par nature, sinon elle n’est pas la joie, parce qu’elle est destructible à la moindre anicroche, tandis que la joie tragique est précisément celle qui a réussi à surmonter le tragique de la condition humaine pour y trouver de quoi se réjouir quoi qu’il en soit du malheur humain. Les discours de Pierre Rabhi comme de Le Clézio n’ont rien à nous apporter parce qu’ils ne nous apprennent pas, comme le ferait Nietzsche, à danser sur la corde raide. Ils ne reposent que sur la nostalgie d’un monde mort ou impossible à généraliser à toute l’humanité. Diderot posait le problème il y a un peu plus de deux siècles. Et il demeure intact."

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 10:43

Ce que je vais vous raconter m’est arrivé le 20 Mai 1949. J’avais donc 6 ans depuis deux semaines.

 

Mon année scolaire 1948-1949, commencée au Cours Préparatoire, se poursuivait au Cours Elémentaire ; je n’ai pas le souvenir de la date exacte de ma promotion ; on peut supposer que ce fut après les vacances de Noël ; on peut supposer également que cela suscita quelques jalousies.

 

 

 

Nous commencions l’étude des tables de multiplication. La veille, mon père avait construit pour moi une magnifique « table », la dernière page d’un cahier de brouillon collée sur un carton.

 

En ce temps-là, nous avions trois cahiers : cahier de brouillon, cahier du jour et cahier du soir.

 

Sur le cahier de brouillon nous travaillions réellement au crayon et à la gomme; il était toujours prêt à l’emploi.

 

Le cahier du jour servait à porter au propre—à l’encre avec le porte-plume-- les travaux faits en classe, celui du soir remplissait la même fonction pour les exercices faits « à la maison ».

 

Evidemment, le cahier de brouillon était  plus rustique que les deux autres et sa couverture était de papier banal. D’une de ces couvertures provenait ma « table », celle par qui le scandale arriva.

 

 

 

Ma voisine de classe était une « grande ».

 

Jacqueline avait quatorze ans et arrivait au terme de la scolarité obligatoire. Etait-elle encore au Cours Elémentaire ? Dans la classe du Certificat d’Etudes ? Je ne saurais dire. Ma petite école comptait vingt élèves ;  c’était une école à « classe unique » où des écoliers de niveaux différents pouvaient se retrouver sur le même banc.

 

 

 

Ce matin-là, je lui montrai fièrement ma « table ». Son mépris fut immense. Ce fut ma première expérience du mépris profond. Jamais depuis je n’ai été à ce point renvoyée à ma nullité.

 

 

 

J’ai dû ruminer quelques temps—en reconstituant cette rumination on pourrait peut-être prouver que son résultat fut mon premier acte littéraire--avant d’écrire sur cette même « table » dont j’étais si fière le matin et qui m’était devenue odieuse « Jacqueline est une merdeuse ».

 

 

 

Et je montrai mon œuvre à Jacqueline.

 

 

 

« Madame ! Madame ! Voyez ce qu’elle a écrit ! »

 

 

 

La « table » a été confisquée. Ai-je été envoyée au piquet ? Je ne m’en souviens pas. Si j’ai été punie, ce fut la seule punition de ma vie d’écolière.

 

 

 

La réaction de mon père venu me chercher à la sortie de midi n’a jamais été oubliée

 

« Faire cela le jour même de la naissance de ta filleule ! »

 

 

 

Impardonnable, en vérité.

 

Je n’avais jamais dit de « gros mots ». En écrire un m’avait paru moins grave. D’évidence je m’étais trompée.

 

 

 

J’avais 15 ans et j’étais en classe de Première quand, après un différend avec mon père je me décidais à prononcer « Merde ! » pour la première fois de ma vie. D’autres jurons ont suivi. Mon vocabulaire s’est depuis enrichi. Mais c’est une autre histoire.

 

 

 

Ce récit est rigoureusement autobiographique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 14:22

 

 

Les incidents récents dont vous gardez peut-être le souvenir ont ramené au premier plan de mes préoccupations l’éternelle question « Ai-je, oui ou non, eu envie de devenir écrivain ? »

Eh bien, ouvrons une rubrique—une de plus—pour tenter de répondre. (Le premier qui rit …)

 

Cette rubrique « Voici pourquoi je n’écrirai jamais » pourrait commencer par ce rapide aperçu de mes premières années :

Comme tous ceux qui lisent beaucoup, j’ai eu la tentation, la démangeaison pourrait-on dire, d’écrire. Voilà qui est incontestable.

On pourrait peut-être considérer le « Jacqueline est une merdeuse » de mes 6 ans—dont je vous parlerai peut-être un jour car cela en vaut la peine-- comme ma première tentative. Je n’irai pas jusque-là.

Plus tard, comme beaucoup d’adolescents, j’ai tenu un journal. Le Samedi suivant, à ma sortie de pension—nous sortions chaque semaine du Samedi soir au Lundi matin—ma mère le trouva, le lut, le détesta.

Je découvris ainsi que ma mère fouillait mon cartable chaque Samedi soir après mon coucher et je pris l’habitude du secret.

Ce fut la fin de mon journal intime.

 

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 07:25

Plusieurs incidents récents m'ont remis en mémoire un vieil ami oublié depuis longtemps.

J'ouvre une rubrique qui lui sera dédiée : mon ami Pierrot.

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