Je suis de la génération qui a été nourrie au « par cœur ». Te souviens-tu?
Parce que cela m’était facile, ce fut tout de suite un jeu. Te souviens-tu ?
Six ans. Oscar le petit canard définitivement associé à la cuisine de M., la cuisine que je ne reverrai jamais. Oscar, Tante Zulma, la petite Josette. Une page, lue une fois, retenue aussitôt.
Il m’en reste ceci, une déclamation de tante Zulma, récemment retrouvé sur le NET, à nouveau gravé dans ma mémoire :
Et ta sœur dit le percepteur
Heure qui teinte tous les quarts d’heure
Difficulté d’avoir du beurre
Mélancolie des ascenseurs
Horreur !
Stupeur !
Vapeur !
Vers huit ans. Cyrano dont j’ai assez rapidement connu tous les rôles déclamés dans ma chambre dès que je pouvais m’isoler avec une préférence évidente pour « les Nez » et la « Ballade du Duel qu’en l’Hôtel Bourguignon Monsieur de Bergerac eut avec un bélitre—Qu’est-ce que cela Monsieur ?—C’est le titre ». Tout ce qu’il m’en reste.
De l’Aiglon, la tirade de Flambeau. Complètement oubliée.
Passons sur les Fables et autres récitations de l’école primaire, sur les extraits des classiques du premier cycle du Lycée—nous ne parlions pas de collège ; en ce temps-là les petites classes pouvaient avoir des profs qui enseignaient aussi dans les grandes; c’est une autre histoire—
Le théatre du Lycée.
Mara « la noire ».
Maria Pineda—j’avais fait pleurer ma prof d’histoire--.
L’autre pièce dont j’ai perdu jusqu’au titre…
C’était le temps où j’avais l’ambition de devenir comédienne.
J’avais seize ans.